Good News

Very Good People : Marc Grossman, Bob's juice bar, Bob's bake shop...

A propos de Paul Newman, de bagels et de pantalons de profs de chimie.

La série d’interviews Very Good People rassemble les gens qui nous inspirent. Ils nous parlent de leur activité, de leur relation aux vêtements, de l'évolution de leur style, de leurs habitudes conscious (ou pas). Enjoyez, commentez, et s’il y a quelqu’un que vous voulez qu’on aille rencontrer, dites-le nous absolument (ici ou sur Instagram @patineparis en les tagguant avec #patineverygoodpeople)

BOB'S FOOD ETC...

J'ai commencé les restaurants en 2006, il y a plusieurs Bob's à Paris, tous différents. Je m’occupe de tous les aspects créatifs : les recettes, la DA...et des milliards d’autres trucs à gérer quand tu as un resto. Je suis aussi l’auteur de plusieurs livres de cuisines, je fais moi-même les photos. Je suis continuellement dans la création et j’aime ça, qu’il s’agisse d’une recette ou d’un bouquin. C’est un processus assez solitaire et parfois un peu angoissant. Je suis d’un naturel anxieux, même quand on me dit qu’un truc est bon je réfléchis à comment ça pourrait être encore meilleur, parfois ça m’empêche de profiter d’un succès...mais j’essaie de changer ça ! En plus je vais bientôt avoir 50ans, et tellement de trucs encore à imaginer !

Ce n’est pas l’argent qui me fait avancer, mais plutôt des petites victoires. Un plat vraiment bon. Des clients contents. J’ai commencé par le cinéma, quand tu fais un film c’est terrible, à la fin c’est réussi ou pas, on ne peut plus le changer. Dans la cuisine si c’est raté je peux recommencer demain. Bon parfois c’est vrailment raté. Un truc avec les asperges blanches il n’y a pas longtemps. Rien à faire, ça n’a pas fonctionné !

 

CONSCIOUS

J’ai une femme et 3 enfants, en famille on essaie de manger bien mais c’est plus facile de servir des bonnes salades healthy à des adultes... Je mange sainement mais j’ai aussi mes trash habitudes : le thé plein de sucre, comme au Sri Lanka. Le pain chaud et salé ! Je n’aime pas trop opposer le sain et le toxique, ce que j’aime c’est les bons mélanges et opposer les contraires. Moi j’aime un jus frais mixé avec un gros donut bien doré. Et puis c’est important de rester accessible. Par exemple ici on fait des bagels à la main : ça coûte très cher de les fabriquer nous-mêmes, du coup on les vend plus cher que je voudrais. Pour faire un bon bagel “populaire”, que presque tout le monde peut se payer, il faudrait qu’ils soient faits à la machine...Question de priorité, pas toujours simple, on fait du mieux qu’on peut. Par rapport à la carte, on cuisine énormément à partir de fruits et légumes extra frais et de saison, mais on n’est pas uniquement végétariens. On est partenaires de l’appli To Good to Go qui lutte contre le gaspillage alimentaire. On a cuisiné pour l’association Va te faire cuire un oeuf qui vient en aide des réfugiés. Mais je voudrais faire plus. Côté vêtements, je n’ai pas que des trucs responsables. La moitié de mon placard c’est du Uniqlo et du American Apparel. L’autre moitié c’est Steven Alan, mon frère, qui est créateur de mode et mon fournisseur officiel. Après je suis très frugal, je ne fais pas de shopping, et j’use mes habits jusqu’à la corde.

 

LE STYLE

J’ai déjà acheté le même pantalon en 4 exemplaires pour ne plus avoir à y penser. Mon uniforme n’a pas changé depuis mes 12 ans avec quelques variations : au collège j’avais un look un peu grungy, un maxi polo Lacoste… J’ai grandi à New York. Je n’ai jamais aimé me conformer à la norme, et encore moins les looks apprêtés. Au lycée j’ai eu une phase très influencée par Paul Newman dans L’Arnaqueur : je voulais un trench parfait, des chemises Brooks brothers…  Je suis souvent dans des pantalons taille haute, on dirait un vieux prof de chimie...ou un jeans noir Uniqlo. Un tee-shirt Bob (j’en ai dans plusieurs couleurs). Une vieille chemise en flanelle offerte par mon frère, un prototype jamais sorti, tout doux. Et mes Asics. On a fait un super event avec eux il n’y a pas longtemps. Mon uniforme c’est jeans + tee-shirt + sweatshirt, et une chemise en flanelle à carreaux à l’occasion. Pas par désintérêt pour les vêtements, c’est plutôt que je ne me sens pas bien dans les habits trop neufs ou trop sophistiqués. Mais j’adore les hommes élégants. Récemment j’ai pris en photo un type dans un costume superbe qui a débarqué à vélo au restaurant. Moi si j’essaie, j’ai l’impression d’aller à une Bar Mitsva. Il y a autre chose aussi : le costume fait partie du rôle, et pas que au cinéma. En cuisine, je suis en vieux tee-shirt, de la pâte à cookie sur les manches... ça passe. Un peu moins une fois dans la rue, tout est question de contexte !

 

___Propos recueillis par PATiNE en anglais au Bob’s Bake Shop, top 5 places on earth (selon nous) Halle Pajol, 12 Esplanade Nathalie Sarraute, 75018 Paris

 

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