Patine : Les objets du quotidien font partie prenantes de ton oeuvre, pourquoi et comment sublimes-tu l'anecdotique ?
Jade : Certainement par besoin de fixer les choses avant qu’elles ne disparaissent. J’aime m’attarder sur des choses anodines auxquelles on ne porte plus tellement attention tant elles sont ancrées dans notre quotidien. J’ai toujours un appareil photo sur moi, ou au moins mon téléphone, et comme on prendrait des notes dans un carnet je collecte des images sans jamais le regarder pendant plusieurs mois, je les délaisse. Après ce temps de décantation, je prends le temps de les redécouvrir pour savoir si certaines deviendront peinture. Ça me pose question sur notre rapport aux objets, et au temps mais aussi à notre rapport aux images. Nous sommes aujourd’hui noyés dans un flux d’images continu, j’ai envie en passant par la peinture, d’offrir à une image insignifiante une autre posture.
Patine : Tu fais aussi de la photographie : quel avantage prend la peinture dans la représentation du quotidien ?
Jade : Je ne sais pas expliquer comment se fait le choix des images qui évolueront en peinture, c’est comme ça, et j’aime conserver cette part d’inconnue. En l’occurence, le rapport à l’image est très différent quand je peins, je prends du temps à observer sa composition, je décompose aussi l’image dans ma tête pour savoir par où je vais commencer. Comme un temps de méditation sur un instant suspendu, comme si je pouvais étendre le temps et le fixer de manière définitive par la peinture.
Patine : Parlons peu, parlons bien que sont devenues les tomates qui ont servi de modèles?
Jade : Les tomates sont venues agrémenter un dahl de lentilles!